Et en bout
de chaîne, les produits finis accusent le coup. «Si le prix de l’aluminium
grimpe, vos châssis de fenêtre aussi. Quant à l’augmentation du prix du bois,
elle provoque celle du prix des palettes pour transporter les marchandises et
donc du transport. Enfin, récemment, j’ai rencontré un entrepreneur qui utilise
des petits clous en acier pour fixer des plaques de plâtre. Les boîtes
coûtaient 300 euros à la base, dernièrement, il a dû débourser 500 euros»,
raconte Véronique Vanderbruggen, porte-parole de la Confédération Construction.
Un exemple de terrain qui illustre une problématique très internationale, qui
prend source dans les usines de production ici et là. Dans la foulée de
l’arrivée du virus, beaucoup d’entre elles ont en effet été mises à l’arrêt ou
ont anticipé dans l’urgence des baisses de demande. Leur redémarrage a pris du
temps et elles peinent aujourd’hui à rattraper le retard.
Le virus a également ralenti le transport maritime mondial avec des navires bloqués à quai aux quatre coins de la planète. Là encore, il fallait réamorcer la pompe. Sans compter des événements pour le moins inopinés, comme le blocage du très fréquenté canal de Suez, en mars dernier. Or parallèlement, la demande, elle, a explosé. Partout dans le monde, les plans de relance mobilisent les ouvriers de la construction, tout comme les particuliers qui – ayant goûté aux joies du confinement – sont nombreux à investir dans leur habitation.
L’exemple du bois
Et puis il y a les problèmes spécifiques auxquels chaque matériau fait face. Exemple: le bois. Le prix de la plupart des essences a brutalement grimpé fin 2020. «C’est essentiellement dû à une forte demande venue des Etats-Unis, où le secteur de la construction a augmenté sa production de 25% à l’automne dernier. Et là-bas, on construit beaucoup en bois. L’autre problème, toujours américain, fait suite à une décision prise par Donald Trump de taxer le bois canadien. Résultat, les Américains se sont tournés vers le marché européen, accentuant la pénurie chez nous», déplore François De Meersman, le secrétaire général de la Confédération Bois.
Pour ce matériau, les prix restent élevés, mais baissent tout de même en ce mois de juillet. «Il semble que la situation s’est améliorée aux Etats-Unis ces dernières semaines. On pourrait donc revenir à une situation un peu plus normale, côté prix comme disponibilité». Et pour le reste? «Pour les isolants, une hausse de 11% est déjà annoncée pour septembre. L’acier devrait aussi rester élevé et même encore un peu augmenter jusqu’à l’année prochaine. Ça varie donc produit par produit et c’est très incertain», répond André De Groote.
Source : Journal Le Soir : Cecile danjou 06 08 2021
La situation est compliquée dans le secteur du bois. Les prix des matières premières explosent et les délais de livraison s’allongent. 80% des entreprises belges actives dans le secteur du bois sont touchées par une pénurie. Une situation principalement provoquée par l’une des dernières décisions de Donald Trump lorsqu’il était encore président des États-Unis.
Nous rencontrons à Jodoigne un entrepreneur dans une maison en pleine construction. Les blocs de béton ont déjà été maçonnés, mais il manque toute la partie supérieure de la maison. « On est en attente et le chantier est à l’arrêt à cause de ça. Tant qu’on n’a pas les matériaux, on ne sait pas avancer « , explique Raphaël Bertrand.
On doit refaire le devis, donc il faut qu’on explique ça au client
Les travaux sont non seulement à l’arrêt, mais les délais continuent de s’allonger. L’ossature en bois qui devait être installée sur les blocs de béton comptent deux mois de retard. « Le devis qu’on avait établi, vu que les bois ont augmenté, on doit refaire le devis. Donc il faut qu’on explique ça au client et qu’il comprenne la situation. A ce moment-là, une fois qu’il a accepté la modification de prix, on continue « , nous indique le gérant d’une menuiserie, spécialiste en éco-construction.
Chez nous, depuis l’an dernier, la filière bois peine à répondre à l’explosion de la demande. Conséquence: les prix augmentent fortement. « Voici un exemple, l’OSB (ndlr: panneaux composés de copeaux de bois liés sous pression par une résine), le prix a fait plus ou moins fois quatre, donc 400% « , confie Raphaël Bertrand.
Les prix ont doublé chez un marchand de bois à Namur
Nous nous rendons chez un distributeur de bois à Namur. Sapin, chêne, OSB, laine de bois ou multiplex: les prix n’en finissent pas de grimper. Nous croisons un client qui profite des vacances pour embellir sa terrasse. « On sait que ça a augmenté. On sait que c’est de plus en plus compliqué, et voilà, toutes les dimensions n’y sont pas, mais on s’adapte et on fait avec ce qu’il y a « , précise Pierre-Antoine.
Décision de Donald Trump + demande en hausse = pénurie et prix élevés
L’une des principales explications de cette hausse des prix est à chercher du côté des États-Unis. Une taxe décidée en fin de mandat par Donald Trump est venue frapper les bois canadiens. Par conséquent, les Américains se fournissent en Europe, en pleine crise sanitaire où la demande reprenait en force. « Principalement les pays scandinaves. Eux ont payé des prix très élevés, donc de ce fait-là le marché est devenu très élevé. De plus, il y a eu une augmentation également de la demande. Tout ça fait en sorte que les prix ont doublé « , explique Stéphane Scaillet, gérant du magasin de bois où nous nous sommes rendus.
Prenons le cas des sinistrés. Eux qui doivent reconstruire absolument maintenant, ils n’ont pas beaucoup le choix que de payer au prix du jour
Cette pénurie tombe très mal pour certains particuliers. Les récentes inondations n’ont rien arrangé. « J’ai des craintes vis-à-vis de la classe moyenne, qui va avoir du mal à se payer ce genre de choses. Prenons le cas des sinistrés. Eux qui doivent reconstruire absolument maintenant, ils n’ont pas beaucoup le choix que de payer au prix du jour, et ce prix du jour est très fort pour l’instant « , indique Stéphane Scaillet.
En Belgique, quatre entreprises sur cinq sont touchées par cette pénurie de matériaux. Deux tiers accusent des retards de deux semaines, un tiers des délais d’un mois au minimum.
Source : RTL Mathieu Langer, Denis Caudron , publié le 08 août 2021 à 14h53